Venons-en à nos moutons. Les trois premières semaines j’ai travaillé avec Brice, un jeune homme qui avait déjà fait un peu plus d’une année d’alpage. On a gardé environ 1700 brebis. Les deux dernières semaines j’ai travaillé avec Gérard. Avant il avait été boucher, cela fait cinq ans qu’il est berger. A cette période on avait 2500 brebis à faire paître.
Le troupeau de Brice était composé des brebis qui avaient mis bas au printemps. Après avoir constaté qu’il n’y avait pas beaucoup d’herbe il y a eu moins de brebis sur l’alpage que les années précédentes. Les éleveurs avaient décidé de ne pas monter de tardons¹ ou très peu. Donc en plus des brebis il y avait quelques agnelles et agneaux qui allaitaient encore. A la fin de l’estive ils étaient presque aussi gros que leur mère, on se demandait comment elles avaient fait pour faire des monstres pareils.
Gérard, lui avait, au début de l’estive, un troupeau composé de brebis qui allaient mettre bas en octobre. Il est préférable de séparer les brebis gestantes de celle qui allaitent pour des raisons de besoin de l’animal, elles n’ont pas le même appétit. Les gestantes mangent plus que les mères et leur agneau. A la fin de l’estive la plupart des futures mères étaient descendues à la bergerie, mais sur les 2500 brebis qui restaient il y en avait encore 500 qui étaient pleines. Du coup lorsque je suis repartie il restait une vingtaine d’agneaux de moins d’une semaine sur l’alpage. J’ai oublié de vous dire que ces brebis venaient du Var et la plupart de Manosque.
Je comprends qu’on évite qu’elles agnellent en haut, c’est le bordel complet. Le problème c’est que lorsque tout va bien la brebis s’isole du troupeau pour faire son petit et du coup on la perd. Par chance on peu la récupérer quelques jours plus tard quand on passe à côté d’elle. Cette situation se présente bien dans le meilleur des cas, car il arrive que la brebis abandonne son petit pour rejoindre le troupeau. Dès lors, il faut chercher l’agneau, derrière, dans les parages et du coup abandonner le troupeau. Une fois qu’on l’a retrouvé il faut le redonner à sa mère pour qu’elle le reconnaisse et l’accepte. Après on lui laisse, tout en le déplaçant de manière à ne pas trop les éloigner du troupeau jusqu’à ce qu’il ait bu le colostrum. Ensuite on le met dans le sac à dos jusqu’au soir. Il arrive que la mise bas se passe mal du coup il faut réussir à attraper la mère, c’est plus facile que d’habitude car elle se déplace moins facilement, mais quand même. Après que nous ayons sorti son agneau, il ne faut pas que celle-ci rejoigne le troupeau, par peur de nous, sans l’avoir léché sinon il faut suivre la mère avec l’agneau pour qu’elle le reconnaisse. S’il y a un problème la nuit, à moins de dormir avec le troupeau, il y a plus de risque que dans la bergerie pour que l’agneau et la brebis y restent. Et enfin dans le cas où la mère est une sauvage il faut lui enlever son petit pour qu’elle accepte de rester dans le troupeau. Là je n’ai parlé que des naissances. Les jours suivant il faut trouver un moyen pour que les mères puissent manger sans faire trop de kilomètres car les petits ne suivent pas. Dans le cas où on a le bon matériel, on les laisse dans des claies et elles mangent du foin. Mais, cette année les claies avaient été descendues et il n’y avait plus assez de foin. Alors on les a mis dans des filets, mais le soir quand on est revenu elles étaient parties, on ne les a récupérées que deux jours plus tard. Du coup, tous les matins on attrapait les agneaux qu’on mettait dans une cabane et le soir on les redonnait aux mères, ha le bazar ! C’est ce moment qui nous permettait de dire si les agneaux étaient assez vigoureux ou pas. Au bout d’une heure tous ceux qu’on n’avait pas réussis à attraper ils partaient avec leur mère toute la journée, ce qui représentait qu’un ou deux agneaux. L’avantage c’est que ça met de l’animation dans le troupeau, et chez les bergers!
Je vous envoie déjà se petit résumé en espérant que je suis parvenue à faire passer une partie de ce que j’ai vécu. Il me reste encore plein de points à aborder mais je les laisse pour une prochaine fois. Si il y a des passages que vous ne comprenez pas où que vous aimeriez approfondir n’hésitez pas. Dominique est prête à m’aider une nouvelle fois pour l’orthographe.

Ecrit en octobre 2006 par Nanette
[1] Les tardons sont des mâles nés au printemps qui sont allaités jusqu’à quarante kilos voir plus, normalement on les redescend mi août pour les manger.
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