premières impressions
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Créé par Nanette le 09 jan 2008 | Dans : premières impressions
Voici une ébauche de ce que j’ai vu et vécu sur le métier de berger pendant cinq semaines de stage en alpages.
Tout d’abord, laissez-moi vous présenter l’alpage. J’étais sur trois montagnes, celle de Beurre, de Combe Mâle et de Pré-Peyret. Toutes situées au-dessus du col de Rousset, sur le plateau du Vercors. Je vivais dans un chalet, plutôt un palais, que l’on appelait la cabane de la tête du faisan, il était juste au pied de cette montagnette sur pré peyret. Il est vrai que c’est un peu compliqué de déterminer les limites de chaque montagne ou lieu. Mais comme à Pré-Peyret il y a déjà un refuge (juste en dessous de la cabane), on ne pouvait l’appeler comme le refuge. J’ai dit que c’était un palais car il y avait eau courante, chaude et froide, électricité, toilette sèche et il est très grand. L’eau courante est obtenue par l’eau de pluie stockée dans des citernes et une pompe à eau, comme dans les bateaux. Elle permet d’amener l’eau jusqu’au robinet. L’eau est chauffée par un chauffe-eau à gaz. Et la combinaison de ces deux machines permet de prendre une douche chaude. Le bonheur après une journée de pluie! L’électricité est produite par quatre panneaux solaires, puis stockés dans des batteries qui fournissent du 12V. Elle sert à faire marcher la pompe à eau, le frigo, la ventilation des toilettes, à éclairer le chalet et à avoir la radio. Les toilettes dans le chalet permettaient de se soulager en toute tranquillité à l’abri du vent et de la pluie. Je ne sais pas exactement la surface du chalet mais il faisait bien plus de cinquante mètres carré car il a un étage. Ce qui permet d’avoir trois chambres.
Créé par Nanette le 09 jan 2008 | Dans : premières impressions
Les premières impressions ont été dès le départ, la reconquête des sens. En effet, le premierjour j’ai découvert la montagne, et il fallait voir les limites de l’alpage, les abreuvoirs, les troupeaux voisins, tous ça situé à plusieurs kilomètres à vol d’oiseau. Il fallait percer sa vue (je sais que ça ne se dit pas. Mais je trouve que c’est le mot qui est le plus adapté, et ce n’est pas l’horizon, que je perçais car il était bien trop loin pour voir quelque chose), voir comme un aigle. L’ouie est, je trouve, le sens le plus important car tu ne vois pas le troupeau tout le temps. En effet lorsque tu vas le chercher le matin ou lorsque tu es dans le bois tu ne peux pas voir toutes les brebis. Alors tu les repères grâce aux sonnailles.
Je me souviens du premier matin où je suis allée chercher le troupeau avec Brice. Les brebis avaient dormi sur la crête au-dessus de la cabane, mais on ne savait pas de quel coté elles étaient parties, et on n’entendait pas les sonnailles. Evidemment les arbres empêchant le bruit de se propager, le troupeau n’était pas forcément loin. Mais pour nous compliquer la tâche les chevaux étaient venus nous rendre visite le matin. Il y en a un qui à une grosse platelle, et ils sont restés dans les parages, mais pas dans la forêt. Alors lorsqu’on est parti chercher le troupeau on s’arrêtait régulièrement pour écouter les bruits. On n’entendait que la platelle des chevaux mais à peine. Et du coup par deux fois on a fait demi-tour croyant que c’était le troupeau et que l’on n’était passé pas très loin. On a fini par le retrouver au « pas des écondus ». On a bien mis trois quarts d’heure pour le retrouver. Ha ! On lui en a voulu à ce cheval.
Dans le brouillard, l’ouie est le seul moyen de repérer le troupeau. Par chance je n’ai pas eu de brouillard où l’on ne voyait pas à plus de deux mètres, du coup j’arrivai à voire tout le troupeau lorsqu’il était rassemblé.
Et l’odorat! Redécouvrir toutes les odeurs de la montagne. Le moment que je préférais c’était après la pluie qui masquait toutes les odeurs lorsqu’elle tombait mais dès lors qu’elle s’arrêtait les arômes réapparaissaient décuplés. Mon odeur préférée est celle du lichen. Mais j’aime bien aussi passer sous les pins et sentir l’odeur de la terre mouillée ou des champignons.
Le goût nous permettait d’apprécier d’autant plus ce que l’on mangeait dans la journée. Enfin ce que l’on mangeait, pas le soir car après le pique-nique du midi, on mangeait pour deux ou trois personnes, on dévorait la nourriture. Mais je trouve qu’on l’appréciait d’autant plus. Et puis au moins on faisait moins les difficiles qu’en bas, pain dur, fruit trop mûr ou légume limite moisi passait très bien.
Le toucher lui est moins mis en avant mais il a son importance. Il sert à sentir le vent, voir d’où il vient et sa chaleur, et du coup à prévoir le temps, mais aussi à apprécier le rayon du soleil ou la chaleur du poêle. Il a aussi de l’importance pour déterminer la maladie de la brebis ou voir si elle est pleine. Mais là je ne peux me prolonger sur le sujet, car je ne suis pas encore assez expérimentée.
Bien sur vous connaissez la vie en montagne et donc toutes ces choses, mais pour moi c’était vraiment une découverte (avant je ne devais pas y faire attention)…
Créé par Nanette le 09 jan 2008 | Dans : premières impressions
Venons-en à nos moutons. Les trois premières semaines j’ai travaillé avec Brice, un jeune homme qui avait déjà fait un peu plus d’une année d’alpage. On a gardé environ 1700 brebis. Les deux dernières semaines j’ai travaillé avec Gérard. Avant il avait été boucher, cela fait cinq ans qu’il est berger. A cette période on avait 2500 brebis à faire paître.
Le troupeau de Brice était composé des brebis qui avaient mis bas au printemps. Après avoir constaté qu’il n’y avait pas beaucoup d’herbe il y a eu moins de brebis sur l’alpage que les années précédentes. Les éleveurs avaient décidé de ne pas monter de tardons¹ ou très peu. Donc en plus des brebis il y avait quelques agnelles et agneaux qui allaitaient encore. A la fin de l’estive ils étaient presque aussi gros que leur mère, on se demandait comment elles avaient fait pour faire des monstres pareils.
Gérard, lui avait, au début de l’estive, un troupeau composé de brebis qui allaient mettre bas en octobre. Il est préférable de séparer les brebis gestantes de celle qui allaitent pour des raisons de besoin de l’animal, elles n’ont pas le même appétit. Les gestantes mangent plus que les mères et leur agneau. A la fin de l’estive la plupart des futures mères étaient descendues à la bergerie, mais sur les 2500 brebis qui restaient il y en avait encore 500 qui étaient pleines. Du coup lorsque je suis repartie il restait une vingtaine d’agneaux de moins d’une semaine sur l’alpage. J’ai oublié de vous dire que ces brebis venaient du Var et la plupart de Manosque.
Je comprends qu’on évite qu’elles agnellent en haut, c’est le bordel complet. Le problème c’est que lorsque tout va bien la brebis s’isole du troupeau pour faire son petit et du coup on la perd. Par chance on peu la récupérer quelques jours plus tard quand on passe à côté d’elle. Cette situation se présente bien dans le meilleur des cas, car il arrive que la brebis abandonne son petit pour rejoindre le troupeau. Dès lors, il faut chercher l’agneau, derrière, dans les parages et du coup abandonner le troupeau. Une fois qu’on l’a retrouvé il faut le redonner à sa mère pour qu’elle le reconnaisse et l’accepte. Après on lui laisse, tout en le déplaçant de manière à ne pas trop les éloigner du troupeau jusqu’à ce qu’il ait bu le colostrum. Ensuite on le met dans le sac à dos jusqu’au soir. Il arrive que la mise bas se passe mal du coup il faut réussir à attraper la mère, c’est plus facile que d’habitude car elle se déplace moins facilement, mais quand même. Après que nous ayons sorti son agneau, il ne faut pas que celle-ci rejoigne le troupeau, par peur de nous, sans l’avoir léché sinon il faut suivre la mère avec l’agneau pour qu’elle le reconnaisse. S’il y a un problème la nuit, à moins de dormir avec le troupeau, il y a plus de risque que dans la bergerie pour que l’agneau et la brebis y restent. Et enfin dans le cas où la mère est une sauvage il faut lui enlever son petit pour qu’elle accepte de rester dans le troupeau. Là je n’ai parlé que des naissances. Les jours suivant il faut trouver un moyen pour que les mères puissent manger sans faire trop de kilomètres car les petits ne suivent pas. Dans le cas où on a le bon matériel, on les laisse dans des claies et elles mangent du foin. Mais, cette année les claies avaient été descendues et il n’y avait plus assez de foin. Alors on les a mis dans des filets, mais le soir quand on est revenu elles étaient parties, on ne les a récupérées que deux jours plus tard. Du coup, tous les matins on attrapait les agneaux qu’on mettait dans une cabane et le soir on les redonnait aux mères, ha le bazar ! C’est ce moment qui nous permettait de dire si les agneaux étaient assez vigoureux ou pas. Au bout d’une heure tous ceux qu’on n’avait pas réussis à attraper ils partaient avec leur mère toute la journée, ce qui représentait qu’un ou deux agneaux. L’avantage c’est que ça met de l’animation dans le troupeau, et chez les bergers!
Je vous envoie déjà se petit résumé en espérant que je suis parvenue à faire passer une partie de ce que j’ai vécu. Il me reste encore plein de points à aborder mais je les laisse pour une prochaine fois. Si il y a des passages que vous ne comprenez pas où que vous aimeriez approfondir n’hésitez pas. Dominique est prête à m’aider une nouvelle fois pour l’orthographe.
Ecrit en octobre 2006 par Nanette
[1] Les tardons sont des mâles nés au printemps qui sont allaités jusqu’à quarante kilos voir plus, normalement on les redescend mi août pour les manger.